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La résurrection, pour faire mourir toutes les violences !
Qu’il est déroutant ce fils de Dieu, qui n’a pas voulu convaincre ses adversaires de la veille en ressuscitant devant eux ! Déroutant ce Jésus qui n’exploite pas sa puissance ! Les jours saints nous enseignent que la passion est un mystère, le mystère d’un Dieu qui s’incarne dans l’état du monde, l’état de violence et de faiblesse, jusqu’à en devenir victime. La résurrection de Jésus au matin de Pâques demeure signe du même mystère : sa puissance sera immense mais toujours fragile, ouverte sur le refus, sur l’incrédulité.
Dans plusieurs pays de la sous-région Ouest Africaine, nous venons de rencontrer une nouvelle fois la violence et de connaître des attentats qui ont créé un grand malaise, sans compter les victimes à déplorer et les centaines de blessés à prendre en charge et à soigner. Les dégâts matériels sont importants, mais plus encore le traumatisme qu’engendre ces opérations meurtrières. La violence n’est plus chez les autres seulement, elle s’est invitée chez nous aussi, dans toute la bande sahélo-saharienne. Des explications sont données, plus ou moins convaincantes, des portraits sont affichés, des encouragements sont prodigués… Mais la question demeure : que faisons-nous, chacun à notre niveau, pour déraciner cette racine malfaisante, ces volontés d’en découdre. Comment aérer ce climat délétère qui gangrène toute la société ? Chacun a sa part de responsabilité et personne ne peut dire : je n’y suis pour rien ! La violence, j’en suis responsable si je refuse d’aimer en vérité, si je ne lutte pas pour plus de justice et de paix !
Par sa mort sur la croix, Jésus met un terme à toute mort, il est la Résurrection et la Vie… « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » [mauve fonce](Jean 10,10)[/mauve fonce]. Conformer notre vie à la sienne, c’est faire nôtre ce message si singulier. Telle est la violence de la résurrection, la folie de la croix écrira Paul : elle nous est remise, confiée, mise à notre portée. La résurrection est un chant : Dieu en compose la mélodie, nous en sommes la portée.
Le Christ a subi la violence sans y répondre, tout en luttant contre les injustices. La non-violence évangélique n’exclut ni les conflits ni la « sainte colère », mais ne porte pas atteinte à la vie. « Vous avez entendu qu’il a été dit : « œil pour œil et dent pour dent » [mauve fonce](Ex 21, 24)[/mauve fonce]. Eh bien ! moi je vous dis de ne pas tenir tête au méchant ; au contraire, quelqu’un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l’autre ; veut-il te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui même ton manteau ; te requiert-il pour une course d’un mille, fais-en deux avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos » [mauve fonce](Mt 5, 38-42)[/mauve fonce]. Voici l’injonction non-violente de Jésus dans les Évangiles. Elle est plutôt radicale et pour certains peu crédible.
La non-violence évangélique se joue au cœur des conflits, expliquait récemment le Père Mellon, un jésuite moraliste. Dans ses diatribes contre les scribes et les marchands du Temple, Jésus n’hésite pas à affronter ses ennemis avec vigueur, précise le jésuite. Il n’a jamais dit : « N’ayez pas d’ennemis », mais plutôt : « Aimez vos ennemis », ce qui suppose précisément qu’on en ait. Et en invitant à « tendre l’autre joue », « Jésus invite à sortir de la logique proliférante de la violence ».
Une action non-violente n’est ni naïve ni passive mais au contraire agit pour la justice et de manière efficace, et demande l’engagement de tout le monde : la non-violence suppose une solidarité beaucoup plus grande entre les gens. Parmi les trois invitations que nous lance chaque année le Carême, la solidarité est à prendre au sérieux. Alors que nous venons de traverser ces périodes de turbulences dans nos pays de la sous-Région, puissions-nous, à l’image de Jésus, faire taire toute violence, en nous rendant de plus en plus solidaires de ceux et celles qui souffrent à nos côtés, qui pleurent des morts dans leur famille, qui comptent des blessés parmi les leurs.
Nos vœux, à l’occasion de cette fête de Pâques se résument dans la demande du Pater… ne nous laisse pas entrer en tentation… en tentation de la violence ! Fais de chacun de nous, un artisan de paix.
Belle et sainte fête de Pâques 2018 à chacun et à toutes vos communautés.
Éditorial du Baobab n° 29 de la PAO [1] Père Luc Kola, Provincial PAO et Père Delphin Nyembo Mabaka, Ass. Provincial PAO |
[1] Province d’Afrique de l’Ouest
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