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L A V I G E R I E . be
Notre Mission

Chapitre Général 2010
Des confrères réagissent…

P.Pierre Bastin, M.Afr.
mercredi 17 mars 2010 par Webmaster

- 1. Je trouve heureux que le chapitre se consacrera à « NOTRE MISSION ». Mais comment allez-vous envisager la réalité de notre mission ? Est-ce si clair et si évident ?
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La Société dispose d’une expérience formidable sur la mission. Dans ce trésor il y a à prendre et il y a à laisser (nova et vetera !) Il y aura surtout à innover, à imaginer pour un avenir de plus en plus changeant et difficilement cernable ... et cela aussi bien de l’Afrique que de l’Occident.

- 2. La situation réelle et actuelle de l’Occident est peu analysée et peu remise en question dans nos pays. Pas mal de confrères revenus d’Afrique ou restés en Occident sont pénétrés des vieux clichés, probablement les croyants éternellement valables mais très repris par une hiérarchie obsolète.

Une constatation : Nos pays se remplissent de plus en plus de gens non religieux.

Dietrich Bonhoeffer le faisait déjà remarquer en 1942. Et depuis, la tendance n’a fait que se renforcer. Autrefois, les enfants étaient convaincus d’avoir besoin de Dieu pour réussir leur vie. Aujourd’hui, au sortir du primaire très peu ont cette conviction. Le monde des ados est de plus en plus ’non - religieux’. De moins en moins de gens ressentent le besoin de Dieu pour réussir leur vie d’étude, leur vie de couple, leur profession, etc. Religion, Eglise, Credo n’a vraiment pas de sens pour eux.

  • a) Certains se raccrochent « au bon vieux temps » : ils y trouvent du sens et du bonheur de vivre. Les chefs religieux parlent de restauration, ce qui a peu de chance de revenir. Tant mieux pour eux.
  • b) D’autres pensent trouver beaucoup de sens dans « le dialogue interreligieux ». Il y a du chemin à faire dans cette direction qui peut procurer de l’approfondissement. Mais ce dialogue a des limites ; il n’atteint que ceux qui sont restés ’religieux’. De plus, il fait fonctionner des systèmes entre eux : mais on y reste dans ce religieux qui n’atteint pas, j’ose dire, 80% des populations d’Occident. Si le chiffre est trop fort, disons-nous bien qu’on y arrivera sous peu !
  • c) Le christianisme a cependant un avenir dans ce monde agnostique, indifférent, sans Dieu de toute façon et pour lequel les termes religieux habituels n’ont vraiment pas de sens. Déclarations vaticanes, documents et décisions d’Eglise sont en dehors de leur horizon. Cependant ce qui touche à l’humanisation du monde aujourd’hui a du sens et même beaucoup.

Un humanisme qui peut s’inspirer de l’Evangile a toutes ses chances.

Bonhoeffer disait déjà cela en 1942 ; mais il a été très peu relayé par une organisation d’Eglise pour laquelle ces propos signifiaient une déperdition. Bonhoeffer constatait que les religions s’occupent des humains à partir de leurs déficiences. Cela leur permet de se présenter en libératrices. Elles recourent à Dieu en vue de guérir les humains de leurs déficiences.

La liturgie souligne les déficiences des humains. Ainsi :

  • « Dieu viens à mon aide »... Je ne puis te louer sans ton aide ? Est-ce vrai ?
  • « Seigneur prends pitié »... comme si on n’avait pas surtout besoin de l’amour de Dieu : la pitié empêche en bonne partie de percevoir la ’tendresse de Dieu’.
  • « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ! » alors que Jésus nous dit que nous ne sommes pas ses serviteurs mais ses amis ! Il a tout fait pour que ceux qui se croient indignes, se sentent dignes. Ainsi sa rencontre avec Zachée !

Les intentions de prière traitent Dieu en Père Noël :

  • « Seigneur, arrête les guerres et que chaque enfant de la terre puisse manger à sa faim, donne-nous un esprit de bonté ou de charité... » Dieu ne le fera pas et ne l’a jamais fait.

Or on pourrait dire :

  • « Seigneur, ta Parole nous invite à ouvrir notre cœur... Tu nous confies les enfants affamés, les gens désespérés, etc. »

Les intentions ne devraient-elles pas être un appel à exprimer ce que nous avons l’intention de faire ?

Il ne s’agit pas d’ignorer nos déficiences : les humains sont capables du meilleur et du pire et ce pire doit être dénoncé, bien sûr ! Mais Jésus table principalement sur les valeurs des humains, et leur propose d’aller de l’avant  : Zachée, la Samaritaine, la Cananéenne, etc. Inutile de se lamenter sur les déficiences humaines : elles ne sont que trop présentes et nous sommes enclins à ne pas avoir foi en nous-mêmes. Il a lancé ses apôtres dans une aventure à laquelle aucun n’aurait pu croire alors. Et cela n’a pas été si mal !


- 3. La situation de l’Afrique doit nous préoccuper principalement

- Une Afrique traditionnelle est toujours très présente et puissante dans les mentalités africaines.

Elles demandent à être évangélisées, bien sûr. Un secteur de nos forces y trouve toujours sa place. Cependant, étant donné que nos effectifs s’amenuisent, il faut réfléchir surtout au fait que ce sont les Africains eux-mêmes qui sont appelés à en être les principaux animateurs.

Les normes vaticanes valorisent surtout une évangélisation de type clérical. Les exigences d’ordination des prêtres sont un véritable frein à l’extension de la vie chrétienne. Jésus a dit : « Faites ceci en mémoire de moi ». Or le langage hiérarchique dit, en fait, qu’on ne pourra pas le faire en mémoire de lui dans les trois quarts de l’Afrique. Jésus était-il de cette tendance ? D’ailleurs des tendances sérieuses proposent une autre perception de l’ordination pour présider l’Eucharistie... On pourrait en tenir compte.

En attendant ne faut-il pas mettre le paquet sur la formation d’animateurs laïcs, qui pourraient exprimer la foi réelle des chrétiens en termes libérés des expressions du 5ème siècle. Des catéchistes avec une formation de choix moins orientée vers la cléricalisation de la vie chrétienne mais sur sa réalisation dans les conditions de vie africaines réelles (et pas toujours celles que les prêtres et missionnaires imaginent). Le prêtre n’en n’est pas le seul porteur.

- De plus en plus l’Afrique est marquée par les technosciences.

De plus en plus, il y aura des universitaires, des techniciens, et le mouvement atteint déjà les ados de ces pays africains. Allons-nous leur présenter un Dieu qui règle leurs problèmes à coup de prières et de pèlerinages ? Une évangélisation dont ils n’auront que faire dans leur avenir, probablement plus proche que nous n’imaginons.

Ne devons-nous pas veiller à leur présenter un enseignement ou des pratiques que nous n’aurons pas à dénoncer ensuite, un ensuite, je le répète, peut-être plus proche que nous ne pensons.

« N’allons pas refiler aux Africains, les produits dont nous ne voulons plus chez nous »

- Les Africains ont un immense besoin de croire en eux-mêmes...

Allons-nous amputer le message de Jésus en ce domaine ? Tandis que l’enseignement d’autrefois insistait tant sur les déficiences, faisons un maximum pour souligner la dignité des humains, dignité à épanouir.

Le Vatican est plus préoccupé de faire canoniser deux papes plutôt que de reconnaître des saints parmi les milliers de chrétiens qui vivent leur foi de façon héroïque. La prépondérance papale, épiscopale, cléricale en un mot, est un frein à l’épanouissement de la foi, en Afrique comme ailleurs.

A mon sens, de très bons textes ont été repris dans le Petit Echo, l’un de José Ramon Echeveria Mancho (2009, 6 ; p. 356) et de Jos Van Boxel, (le même numéro p. 359-361) Il reste que le missionnaire qu’il soit noir ou blanc sera toujours harcelé par deux cultures mais enrichi aussi pas cette multiplicité de visions des choses et des expressions de foi.

Lors d’un passage à Taizé, j’ai demandé, naïvement me semble-t-il aujourd’hui : « Qu’avez-vous fait pour l’évangélisation des Brésiliens ? » Ce frère m’a répondu : « Mais ce sont surtout les Brésiliens qui m’ont évangélisé »

Voici une simple esquisse de ce qui, à mon sens, attend l’Afrique. Cela pourrait-il inspirer vos travaux sur La MISSION ?
 

Je vous le souhaite très fraternellement.

 

Bon Chapitre !



Pierre Bastin – Namur, janvier 2010
Nuntiuncula N°660




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