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L A V I G E R I E . be
Islam

Islam et esclavage

Feuilles Vertes - Janvier 2008
vendredi 18 janvier 2008 par G.Verbist, mafr.
L’Esclavage en Terre d’Islam.
Un tabou bien gardé.

par Malek Chebel – Fayard, 2007 – 500 pages – 26,95 €.

Un auteur musulman, d’origine algérienne, a eu la volonté d’écrire un ouvrage sur le sujet tabou de l’esclavage en terre d’Islam.
« … je touche quelque chose de fondamental et de vrai… c’est qu’il y a encore des esclaves… la traite orientale s’est étalée sur quatorze siècles… plus grand que le nombre d’africains déportés dans les Amériques. »

Avant l’avènement de l’islam, la situation de l’esclave dans la péninsule Arabique était déplorable. L’esclavage était parfaitement admis dans la société bédouine.

Le Coran a voulu y mettre fin en promulguant une politique d’affranchissement.
Le calife Abû Bakr (mort en 634) consacra sa fortune personnelle au rachat et à l’affranchissement d’esclaves. Il fut contrecarré par son successeur le calife Omar (mort en 644). Ainsi, l’islam n’a promulgué qu’une politique timorée envers l’esclavage.

La question se pose : l’islam a-t-il vraiment voulu éradiquer l’esclavage, ou seulement cherché à atténuer ses formes les plus pénibles ?

Que dit le CORAN à ce sujet ?

Il évoque la question de l’esclavage dans 25 versets répartis sur 15 sourates.

Voici quelques versets :

« Ceux qu’Allah a préférés font part des dons qu’ils ont reçus à leurs esclaves en sorte que tous aient une part égale. » (16,73)
« Ceux qui parmi vos esclaves demandent leur affranchissement par écrit, donnez-le-leur si vous avez une bonne opinion d’eux et faites-leur des largesses avec les biens dont Allah vous a comblés. » (24,33)
« La voie droite, c’est de libérer ceux qui sont captifs. » (40,13)

L’islam préconise donc que chaque esclave ait vocation à être affranchi et assisté.
Mais le Coran n’étant pas contraignant, l’abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. On voit que l’islam des débuts était infiniment plus humaniste, et sans doute aussi plus spirituel, que celui des siècles ultérieurs.

Sur le plan anthropologique, la polygamie constitue un avatar de l’esclavagisme spontané, si ancré dans les mentalités de l’Arabie ancienne. La polygamie est un esclavage atténué, et la sincérité qui voudrait le fonder aujourd’hui est nulle et non avenue.
Quant aux femmes, captives de guerre : (4,25) « … qu’il prenne ses captives… et épousez-les… » Cette idée est subversive : le Coran et, à sa suite le Prophète ont libéralisé le nombre des concubines.

Où étaient les marchés des esclaves ?

Au Maghreb aux VIIIème et VIIIème siècles, lors de la campagne d’islamisation.
Les montagnards sont enrôlés dans les armées musulmanes.

Avant la grande traite du XXVIIIème s. les centres d’approvisionnement en esclaves étaient situés au Nord : en Anatolie et aux Balkans, et à l’Est : en Chine.
La Syrie, l’Egypte, l’Afrique, l’Espagne ont connu ce commerce lors de l’occupation des Sarrasins. Les marchands allaient acheter les esclaves germains et slaves sur les côtes d’Allemagne, du Rhin, de l’Elbe, du Danube ; aussi dans les régions des Bulgares, Géorgiens et Turco-Mongols.
Le plus grand bassin de recrutement d’esclaves fut l’Afrique orientale.

De dynastie en dynastie et de siècle en siècle, l’esclavage est devenu un fait musulman.

Différentes catégories d’esclaves

Chaque esclave est défini par la fonction à laquelle il est assujetti.
Ce sont l’origine ethnique, le pays, la couleur de la peau, le sexe qui sont les critères les plus déterminants.

Le seul esclave affranchi est celui qui se convertit aussitôt à l’islam et devient croyant.
L’esclave caucasien, l’esclave noir ne jouissent pas du même accueil.
L’une des caractéristiques de l’esclave est d’être sans nom.
Par sa nature, l’asservissement sexuel accentue la dimension tragique de la condition d’esclave, et il en est l’ultime degré. L’appétit sexuel des souverains freina l’abolition effective de l’esclavage.

Son prix d’achat : en 1871, au Mozambique, le prix moyen était entre 3 et 5 dollars. Arrivé à Zanzibar son prix doublait. Et arrivé à Socotra il était le quintuple.

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17 millions, soutiennent certains historiens pour ce qui est de l’esclavage arabe ;
en additionnant toutes les estimations avancées pour les quatorze siècles de l’islam on arrive à un total compris entre 21 et 22 millions d’esclaves.
(11 millions pour la traite négrière sur l’Amérique à partir surtout de l’Afrique)

La mosquée n’est pas restée neutre face à ce fléau. Des théologiens musulmans parmi les plus éminents ont pu coucher par écrit les conditions de la servitude : les codes arabes de l’esclavage (ils sont au nombre de trois).

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L’esclavage en Terre d’islam a duré de nombreux siècles. Ceci montre que la morale coranique n’a jamais constitué une barrière efficace ou un antidote à cette pratique.
Les roitelets africains et les griots ont servi de paravent aux négriers.

Admettre l’esclavage est en soi une anomalie ;
entretenir un ou plusieurs esclaves dans sa maison est une offense à la dignité humaine ;
mais rédiger des codes de la servitude relève du plus haut degré de la perversion morale.

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Voyage au pays des esclaves entrepris par Malek Chebel

Arabie Saoudite L’esclavage est inscrit dans la pratique collective.
En 1958, on comptait encore plus de 500 000 esclaves. En 1963 abolition officielle de l’esclavage. Mais… aujourd’hui on continue à convoyer des esclaves (ouvriers soumis, eunuques pour les Lieux saints, domestiques, concubines) pour les mettre au service d’autochtones. L’esclavage demeure une donnée sociale aussi ancienne qu’inextirpable.

Emirats arabes unis (capitale Abu Dhabi) - Ouvriers et personnel sont essentiellement des Asiatiques. Ces non-esclaves sont en réalité traités en esclaves : passeport retiré dès son entrée, l’employeur décide de son sort hors de toute légalité internationale.
L’émir de Dubaï est poursuivi pour esclavage organisé : avoir réduit 30 000 enfants pour en faire des jockeys le plus légers et agiles possible pour monter les chameaux de courses et remporter les courses les plus prestigieuses du Golfe. Ces enfants viennent du Bangladesh, de l’Inde, du Soudan, de l’Ethiopie.

L’EgypteAujourd’hui encore, le phénomène de la « domesticité » cache souvent un esclavage en plus doux.

Niger - Les Peuls, qui partagent la terre des Touareg, ont le triste privilège d’être tout autant qu’eux esclavagistes. L’estimation est de 30 000 à 60 000 esclaves. Un chef targui a accepté de libérer en 2005 les 7000 captifs de sa tribu.

La Mauritanie Un silence coupable recouvre la question, y compris chez les élites.
Chaque famille de Beïdanes (blancs) a « des serviteurs » noirs. La Mauritanie est un pays de maîtres et d’esclaves. On estime entre 100 000 et 150 000 le nombre de ces sortes d’esclaves. Le 8 août 2007 l’Assemblée nationale vient d’adopter une loi criminalisant l’esclavage. Sera-t-elle appliquée ?

Le Maghreb Autant en Algérie qu’en Tunisie et au Maroc, la servitude agricole était (est) omniprésente dans les campagnes. En 2004, au Maroc, il y avait encore plus de 600 000 domestiques (esclaves). Au début de 2007, une campagne de sensibilisation a été lancée.

Sultanat de Brunei (en Asie) - La plus secrète des monarchies orientales. Musulman à 80 %. Y a-t-il aujourd’hui des esclaves dans le palais du sultan le plus riche de la planète ?
Des centaines de milliers de travailleurs asiatiques y travaillent. Des esclaves ? Jamais aucun ambassadeur ne formulera la chose ainsi. C’est de l’ordre du tabou.

CONCLUSION
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L’esclavage est inscrit dans la pratique collective de l’Arabie Saoudite et tous ceux qui s’en inspirent, comme le Soudan, la Mauritanie, la Somalie.
En Arabie Saoudite, à Dubaï, au Qatar, au Koweït, l’employeur a depuis longtemps remplacé l’esclavagiste. L’esclavage a changé de couleur (du noir au brun) sans changer de méthodes. Le recrutement s’effectue pratiquement à domicile ou sur Internet. Les esclaves modernes sont des Philippins, des Indiens, des Malais, des Bangladais.

 
La domesticité est le nouvel esclavage des villes.
Les métiers les plus risqués sont en général aussi confiés aux esclaves ou aux nouveaux affranchis.
La servitude économique s’est considérablement amplifiée, dans des proportions déshonorantes pour l’islam.
Ce néo-esclavage est celui qui résiste le mieux aux différentes campagnes d’abolition.
Le constat final est accablant. L’esclavage existe toujours et il a été et reste un fait musulman.
 
 

Le Cardinal LAVIGERIE et la Traite des Esclaves.

Lavigerie s’en occupe dès le premier instant où il pense à l’établissement de missions dans le centre du continent africain. Sa première pensée fut de susciter un « Royaume chrétien » avec un chef africain. La situation s’avérait dramatique pour les missionnaires établis autour du lac Tanganyika qui constituait une plaque tournante du réseau de traite.
Ce projet n’a pas réussi, mais sur une petite échelle, Louis Joubert, un auxiliaire des missions a essayé sur le pays de Mpala(Congo).
À consulter sur Joubert

Lavigerie se décide alors de lancer en Europe une vaste campagne pour alerter l’opinion, par des conférences à Paris, Londres, Bruxelles, Rome. Il voulait que les gouvernements prennent des mesures humanitaires dans cette traite. Une association dite des « Frères Armés du Sahara » est créé dans le but de fonder des centres de refuge et d’y promouvoir un développement agricole. cf. website de Rome

« Homo sum et nihil humani a me alienum puto. Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » (discours à l’Eglise du Gésu de Rome-décembre 1888)

200e anniversaire de la fin de l’esclavage en Afrique.

(Séminaire au Ghana, novembre 2007)

Les Eglises européennes et africaines ont organisé un séminaire au Ghana.

Le thème : « J’ai vu l’affliction de mon peuple (Exode 3,7)  : L’esclavage et les nouveaux esclavages ». Ils ont lancé un appel dénonçant les nouvelles formes d’esclavage : trafic d’êtres humains, travail forcé, enfants soldats, prostitution, les qualifiant de « probablement pires que l’ancien trafic d’esclaves ».

Le phénomène des enfants soldats touche quelque 300 000 enfants à travers le monde, notamment en Ouganda, au Libéria, en Sierra Leone, en RD Congo, au Soudan, etc... Dans la plupart des cas ces enfants, garçons et filles, sont continuellement abusés sexuellement, utilisés comme agents secrets, « détecteurs de mines », placés aux premiers rangs des combats.

La rencontre était présidée par le cardinal Péter Erdö, primat d’Hongrie (pour la CCEE) et le cardinal Polycarp Pengo, archevêque de Dar es-Salaam (pour le SECAM).

GROUPE RENCONTRE,
par G.Verbist, mafr.

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