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L A V I G E R I E . be
R.D. Congo

L’OPIUM DU KIVU

Arsène Kapya, M.Afr.
mardi 27 novembre 2012 par Webmaster

[marron]Surpris de la surprise !

Il y a quelques semaines, les militaires de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco) affirmaient que Goma ne tombera pas dans les mains des rebelles, parce qu’eux, avec l’armée Congolaise, y étaient et assuraient la sécurité de la ville. Beaucoup y ont cru, très facilement. Que nous sommes dupes !

Aujourd’hui, Goma est tombée et est contrôlée par le M23, une rébellion qui revendique l’application des accords du 23 mars 2009 entre le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et le gouvernement congolais ; d’où son nom du M23 : le mouvement du 23 mars. Cette rébellion est conduite par un certain colonel Sultani Makenga qui se considère déjà comme le président de la « nouvelle république » dont la capitale est Goma !

Beaucoup, aussi bien en RDC qu’à l’étranger, semblent ne pas comprendre comment Goma pouvait tomber. Ils sont nombreux ceux qui sont surpris, et moi je suis surpris de leur surprise parce que c’est si simple à comprendre.[/marron]

[vert]En voici une lecture.[/vert]

La chute de Goma n’est qu’une conséquence logique de la gestion calamiteuse du pays par le gouvernement central de la RDC. Il n’y a rien de magique, et cette fois-ci les choses ont fonctionné presque comme en mathématiques où 2+2 font 4 ! Disons que les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets. Est-ce difficile à comprendre ?

On peut bien sûr blâmer Mobutu, mais moi je n’irai pas jusque dans ce passé relativement lointain. Je reste dans un passé récent. Il s’agit d’une succession d’erreurs qui a conduit à cette situation, et peut-être à la chute prochaine de Bukavu, si les rebelles décidaient d’y aller !

  • [vert]L’OPIUM DU KIVU[/vert]

    Ce qui se passe dans le Kivu est une vraie tragédie humaine, mais la façon dont les politiciens Congolais gèrent toute la vie de ce grand pays ressemble à une comédie. On dirait qu’ils ne prennent pas aux sérieux les Congolais, en particulier ce qui se passe dans l’Est. S’agit-il là d’une tragicomédie ?

- [bleu marine]La première dose de l’opium[/bleu marine]

En janvier 2009, [bleu] Laurent Nkunda [/bleu], chef de la rébellion armée du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) opérant surtout dans le Nord-Kivu, est arrêté au Rwanda. Le gouvernement congolais n’a jamais obtenu l’extradition de ce criminel resté au Rwanda depuis lors… en résidence surveillée ! L’arrestation de Nkunda était une vraie distraction que le Rwanda offrait au gouvernement congolais qui prenait sa première dose de l’opium tendu par son voisin gênant.

- [bleu marine]Les fameux accords du 23 mars[/bleu marine]

Signature des accords de paix entre [bleu] le CNDP et le gouvernement de la RDC [/bleu] le 23 mars 2009. Le CNDP se convertit en parti politique. Bosco Ntaganda (recherché par la Cour Pénale Internationale –CPI- devient automatiquement officier supérieur des Forces Armées de la République Démocratiques du Congo (FARDC). Il peut maintenant vaquer librement à ses activités aussi bien militaires que dans l’exploitation des minerais de la RDC, avec la bénédiction du gouvernement central de Kinshasa. D’autres militaires du CNDP sont promus. C’est la deuxième distraction par laquelle le gouvernement congolais reçoit une dose supérieure de l’opium. Ces accords, un vrai couteau à deux tranchants !

- [bleu marine]Umoja Wetu [1][/bleu marine]

Après les fameux accords de paix, le Président de la RDC, [bleu] Joseph Kabila [/bleu], invite les militaires Rwandais en RDC pour aider les FARDC à en venir à bout des Forces de Libération du Rwanda (FDLR), ces Rwandais armés réfugiés en RDC depuis le génocide de 1994 et qui, selon Kigali, menacent la sécurité du Rwanda. Cette opération conjointe sera baptisée [bleu] « Umoja wetu » [/bleu] ! Qui saura vraiment combien de ces militaires Rwandais étaient réellement retournés dans leur pays. La dose de l’opium ne faisait qu’augmenter.

- [bleu marine]Brassage de l’armée[/bleu marine]

Les militaires du CNDP sont complètement intégrés dans les FARDC. Ils deviennent même les maitres à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, au grand dam des populations Sud-Kivutiennes. Un grand piège, parce que désormais ils récolteront les informations dont ils auront besoin pour l’avenir !

- [bleu marine]Illusion de la paix au sommet de l’Etat[/bleu marine]

En septembre 2011, le Président Joseph Kabila fait des déclarations tous azimuts qui laissent perplexes : qu’un professeur d’université touche 1600$ par mois, que la paix est retrouvée sur toute l’étendue de la RDC, etc. Il tenait pareil langage pendant que les FDLR et autres groupes armés opéraient dans la forêt aussi bien dans le Kivu que dans l’Ituri. Etait-il mal informé sur la situation réelle de son pays ?

- [bleu marine]Les fameuses élections en novembre 2011[/bleu marine]

Qui ignore la manière dont elles se sont déroulées ? Laissez-moi raconter une blague ici. Un Ivoirien, un Américain et un Congolais se retrouvent au resto. Pour impressionner les autres, l’Ivoirien leur dit que son pays est tellement développé qu’on peut connaître les résultats d’une élection présidentielle une heure après la fermeture du dernier bureau de vote. L’Américain se moque de lui en disant qu’aux USA on a les résultats dans la minute qui suit la fermeture du dernier bureau de vote. Maintenant les yeux sont braqués sur le Congolais (de la RDC). Tout fier, il leur dit : « nous les Congolais, on est plus développé que vous autres. On connaît les résultats d’une présidentielle avant même l’ouverture des bureaux de vote… Oh, la technologie congolaise !

Pendant la campagne, le Président sortant promettait ciel et terre à la population qui y croyait si facilement. Dans les villes où il passe, il promettait de construire des stades… On l’applaudissait… Effet opium ?

Ces élections de 2011 étaient entachées de beaucoup d’irrégularités, ce qui fait que ceux qui sont actuellement au pouvoir sont souvent mal à l’aise quand il s’agit d’évoquer ce scrutin.

- [bleu marine]Le péché de l’opposition Congolaise[/bleu marine]

Après la gestion calamiteuse de la situation de la RDC par le pouvoir en place, beaucoup de Congolais auraient souhaité une alternance au pouvoir. Malheureusement, l’opposition, déchirée par des querelles internes, n’a pas réussi à présenter un candidat unique à la Présidentielle.
Un de leurs, sans consulter toute l’opposition, s’est autoproclamé le représentant de toute l’opposition. Les leaders sont allés aux élections en ordre dispersé alors qu’ils devaient savoir que si l’union fait la force, la division produit la faiblesse.

- [bleu marine]La population[/bleu marine]

La grande masse est là, facilement influençable par qui a de l’argent. Elle ne regarde pas le projet des candidats : elle vote ! Ainsi, aidée par la fraude, elle a reconduit le pouvoir en place, comme si elle avait apprécié la gestion 2006-2011 ! Et pourtant la pauvreté, la misère, le chômage, le mauvais état de routes… sont très visibles…

- [bleu marine]Qui veut la guerre prépare la guerre[/bleu marine]

Durant tout ce temps, le CNDP ne croisait pas les bras. Il se préparait à un « on ne sait jamais ». Quant au gouvernement congolais, l’opium avalé produisait déjà ses effets : il oubliait qu’il fallait former une armée républicaine et se doter d’armes capables de sécuriser le pays. L’opium l’a conduit à accorder à la Monusco une confiance aveugle et à sombrer dans l’illusion que cette force onusienne l’aiderait en temps de troubles.

- [bleu marine]Le sacrifice raté de Bosco Ntaganda[/bleu marine]

Les résultats des élections étant contestées un peu partout, il fallait une certaine façon de distraire l’opinion tant nationale qu’internationale. Joseph Kabila était gêné par tous ceux qui critiquaient sa légitimité. Profitant de cette fragilité, la CPI lui demandait de livrer Bosco Ntaganda. Et le Chef de l’Etat s’était empressé de déclarer qu’il avait les moyens d’arrêter Ntaganda et de le juger. Chose qu’il ne réussira pas jusqu’à ce jour. Malin qu’il est, Ntaganda s’est retiré en brousse, avec d’autres du CNDP et ils ont commencé la rébellion du M23, probablement soutenue par le Rwanda.

  • [vert]M23-FARDC[/vert]

    En mai 2012, la guerre entre le M23 et les FARDC est une évidence dans le Nord-Kivu. Les FARDC résistent peu et ne font que perdre sur le terrain. A chaque perte de localité, leur porte-parole parle de « retrait stratégique ». La succession de ces retraits stratégiques a conduit à la chute de Goma. Même après cette chute, il a continué à parler de retrait stratégique. N’ya-t-il pas de psychiatres en RDC ?

- [bleu marine]Nous avons une armée forte, les FARDC ![/bleu marine]

Nos vaillants militaires Congolais sont critiqués : faiblesse, indiscipline, et tout ce que l’on veut. Mais le problème c’est que le gouvernement ne les met pas dans de vraies conditions de pouvoir se battre sérieusement : ils sont très mal payés (et donc pas très motivés) ; rares sont ceux dont le salaire mensuel (quand il n’est pas détourné par leurs autorités militaires) atteint la valeur de 70$US pendant que nos députés nationaux qui gagnent plus de 7000$ par mois (sans compter tous les autres avantages qu’ils ont) passent leur temps à réclamer pour eux une augmentation de salaire, selon www.jeuneafriqe.com du 25 octobre 2012… Mal équipés et mal entrainés, nos militaires se retrouvent face à un adversaire suréquipé, bien entrainé et mieux payé. Voilà la raison de fameux « retraits stratégiques ». Goma ne serait pas tombée si nos militaires étaient bien payés, bien entrainés et bien équipés. Malheureusement, après l’opium inhalé par notre gouvernement, comme je l’ai montré plus haut, ce dernier semble très peu préoccupé par ce qui se passe dans l’Est du pays, les membres du gouvernement étant plutôt occupés à se remplir les poches, car on ne sait jamais quand tombe un gouvernement.

- [bleu marine]La rhétorique[/bleu marine]

Nous avons un ministre de l’information et porte-parole du gouvernement très fort en rhétorique. Dans ce domaine, il reste imbattable. Il défend très facilement l’indéfendable. Seulement il semble oublier que ce n’est pas avec le verbe qu’on gagne une guerre… La réalité est en train de le rattraper…

[bleu] Des discours aux Nations unies. [/bleu] En septembre dernier, le Chef de l’Etat Congolais fait un discours devant ses homologues aux Nations Unies. Malgré toutes les preuves en sa possession, il n’ose pas mentionner le Rwanda comme soutien au M23…

[bleu] Docteur Mukwege [/bleu], gynécologue et directeur de l’hôpital de Panzi à Bukavu, devant des ambassadeurs à l’ONU, met le doigt sur la plaie et dénonce l’hypocrisie de tous ceux qui sont impliqués dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. A son retour à Bukavu, il est victime d’une tentative d’assassinat à son propre domicile !

- [bleu marine]Armes sophistiquées et soutien du Rwanda et le fameux embargo[/bleu marine]

Pour trouver un alibi et justifier sa défaite, le gouvernement congolais s’évertue à accuser le M23 d’avoir des armes sophistiquées et de bénéficier du soutien du Rwanda. Mais, qui a empêché le gouvernement congolais de se doter d’armes sophistiquées ? Certaines de nos autorités crient : « on est sous embargo d’armes ». Ce qui n’est pas vrai ! On peut vérifier sur le site de l’ONU : www.un.org la résolution 1807 : l’embargo concerne les groupes armés qui déstabilisent la RDC, pas le gouvernement ; il y est clairement dit que le gouvernement peut acheter des armes. Curieusement, le M23, qui est un groupe armé –et donc frappé par l’embargo- possède des armes sophistiquées alors que le gouvernement –qui n’est pas concerné par l’embargo- et qui devait en avoir n’en a pas. C’est l’effet de l’opium dont j’ai parlé plus haut. Nos autorités avancent cet alibi tout simplement parce qu’il faut une explication à la défaite que le M23 inflige à notre armée. Mais, même dans l’hypothèse d’un embargo en vigueur, la RDC en tant qu’Etat souverain agressé a le droit de se défendre et devrait user des moyens qu’il lui faut pour se défendre. Imaginez-vous un homme à qui l’on dit qu’il ne faut frapper personne parce que c’est un péché. Voilà que la nuit, un homme armé d’une machette fait irruption dans sa maison cherchant à le tuer. Le propriétaire de la maison sait qu’il peut trouver une épée dans une armoire à côté, mais il se dit : « à l’église on m’a dit que je ne dois frapper personne parce que c’est un péché », est-ce normal ? C’est plutôt de la naïveté et un manque de maturité. Que veut dire légitime défense ?

On crie aussi : soutien du Rwanda. Mais, la RDC, n’est-elle pas un pays souverain ? Elle a le droit de chercher aussi du soutien au lieu de passer son temps à pleurnicher. Pourquoi ne pas demander l’aide de pays amis : le Zimbabwe, l’Angola, etc. ?

- [bleu marine]L’illusion[/bleu marine]

L’opium inhalé par le gouvernement l’a conduit à s’installer dans la tranquillité et dans l’illusion que la Monusco volerait à son secours. Il a compté sur autrui. La réalité est là : Goma est tombée. On ne doit pas compter sur les autres pour se défendre. Il faut compter sur soi-même ! Cette Monusco dit n’avoir pas le mandat de combattre, mais de protéger les civils. Comment peut-on les protéger dans la passivité face à des rebelles sans moralité et dont le seul plaisir est de tuer tant qu’ils peuvent ? La Monusco a plutôt le mandat de consommer 1 milliards de dollars par an…

- [bleu marine]L’hypocrisie des USA[/bleu marine]

[bleu] Cette hypocrisie [/bleu] n’est pas à négliger dans la situation actuelle de la RDC. Pendant que le Rwanda est pointé du doigt par des experts de l’ONU comme appui du M23, on l’intègre, sous influence américaine, dans le Conseil de sécurité. Le lundi 19 novembre 2012, lors du Conseil de sécurité convoqué sur demande de la France pour se pencher sur la situation de la RDC, la France propose des sanctions à l’encontre des dirigeants du M23 et ceux du Rwanda qui soutiennent ce mouvement. Les USA acceptent des sanctions contre le M23 et rejettent celles contre le Rwanda.

  • [vert]BREF...[/vert]

    Visiblement, pour les autorités congolaises, la question de l’insécurité dans l’Est de la RDC n’est pas prioritaire ; elle est reléguée au second plan. Beaucoup d’entre elles sont plutôt occupées à s’enrichir autant qu’elles le peuvent. Et d’ailleurs le désordre dans le pays tourne à leur avantage : elles peuvent continuer à piller sans être inquiétées. Peut-être que parmi elles, certaines sont complices de ce qui se passe dans l’Est. Ce désordre détourne l’attention tant nationale qu’internationale par rapport aux irrégularités qui ont émaillé les dernières élections législatives et présidentielle de novembre 2011.

    Tant qu’il n’y aura pas une armée républicaine, tant que nos militaires seront mal payés, tant qu’on ne dotera pas l’armée de moyens nécessaires, efficaces et modernes pour défendre le pays, il ne faudra pas attendre des miracles ! De l’actuel gouvernement, peut-il sortir quelque chose de bon ?

    Mais d’autres pays sont aussi impliqués dans l’insécurité de l’Est congolais pour l’exploitation des matières premières. Tout porte à croire qu’il n’y aura pas la paix dans l’Est du Congo tant que la RDC, le Rwanda et l’Ouganda seront gouvernés par ceux qui sont actuellement au pouvoir. Sauf s’ils se convertissaient !

[vert] En attendant, des centaines de milliers de Congolais sont dans des camps de déplacés en proie à la misère, aux maladies, à la famine… au vu et au su des gouvernements congolais, rwandais, ougandais, de la fameuse communauté internationale et de toutes ces firmes internationales qui recherchent le coltan, l’or, le diamant et d’autres matières premières de la RDC, vraie raison de cette guerre. Ces pauvres victimes, savent-elles vraiment pourquoi elles souffrent ? [/vert]

 

[1Notre unité


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