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L A V I G E R I E . be

Feuilles Vertes 07-08

mardi 8 juillet 2008 par D.F. (Vertaling), G.Verbist, mafr.

La Miséricorde

par le Cardinal Barbarin (Lyon).
Du 2 au 6 avril 2008 a eu lieu au Vatican le congrès mondial sur la miséricorde. Le cardinal Barbarin y a présenté le témoignage de la vie de miséricorde dans les relations avec la communauté musulmane et son diocèse de Lyon.

Des extraits

La redécouverte de la miséricorde est un thème majeur dans notre dialogue avec les autres religions, en particulier avec le judaïsme et l’islam… Chez les musulmans parmi les 99 noms divins, les plus utilisés sont « le Très Miséricordieux »( Ar-Rahman) et « le Tout miséricordieux »(Ar-Rahim), toujours liés à celui d’ Allah.

Bismillah er-rahman er-rahim

Mon expérience lyonnaise

Le professeur Azzedine Gaci, président du Conseil Régional du Culte Musulman, dès sa première visite chez moi, m’a parlé de sa foi et de son amour de Dieu avec tellement de droiture et de simplicité que cela m’ a encouragé à lui poser une question difficile…chaque année, parmi les 100 baptêmes d’adultes dans mon diocèse, il y a une dizaine de musulmans. S’il s’agit de jeunes filles ou femmes, elles sont menacées de mort. C’est écrit dans le Coran. Azzedine m’a répondu que c’était inadmissible et que le cheminement spirituel de chacun devait absolument être respecté. Il m’a expliqué que ces menaces et des violences venaient d’une interprétation erronée du texte coranique. Il m’a assuré qu’il expliquait cela à ses communautés. Il admire la clarté de notre doctrine sur le début et la fin de la vie, sur la fidélité, les questions de la sexualité, de la bioéthique… Lors de l’inauguration de la Mosquée à Villeurbanne il s’est adressé surtout aux musulmans « Mes frères, pourquoi parlons-nous toujours de nos prières et du jeûne du Ramadan, au lieu de témoigner que le cœur de notre foi, c’est l’amour de Dieu ? » Une année, au début du ramadan, il ne disait pas un mot du jeûne. Mais il expliquait que ce mois est consacrée à la miséricorde. Nous prions pour demander le pardon de nos péchés et pour obtenir que tous les hommes soient purifiés. Je propose de prier ainsi « Allah, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Et comme je lui faisais remarquer que ce sont des paroles de Jésus dans le Notre Père, il m’a répondu : « Oui, je sais bien, mais c’est la plus belle prière pour le pardon que je connaisse ! ». A la fin de 2006, il est allé faire le pèlerinage de La Mecque. Peu de temps avant son départ, il m’a appelé pour se recommander à ma prière afin que Dieu lui permette de vivre un bon pèlerinage. Et il est vrai que, dans les semaines suivantes, il revenait souvent dans ma prière… A son retour, il m’a déclaré qu’il avait aussi souvent prié pour moi durant ce pèlerinage.

Le pèlerinage à Tibhirine

Azzedine a été très touché par le témoignage du Frère Luc, le plus ancien moine de la communauté (il était médecin) qui soignait gratuitement les gens. Il me disait : « Cet homme avait donné sa vie à l’Algérie et il l’a offerte en sacrifice. L’assassinat des sept moines est une monstruosité. Accepteriez-vous d’y aller avec moi pour prier et demander à Dieu son pardon ? » J’ai demandé pour qui nous allions prier et demander pardon ? Il m’a répondu : « Pas pour les moines qui sont au Paradis. Mais nous irons demander à Dieu sa miséricorde pour les assassins qui sans doute vivent encore. » Et nous sommes partis, deux délégations, musulmane et catholique (du 17 au 21 février 2007). Les temps forts ont été des rencontres avec les communautés chrétiennes de Constantine et d’ Alger, un temps de prière devant la tombe de l’Emir Abd el Kader à Alger, dans plusieurs mosquées et lieux historiques de l’Islam et le pèlerinage à Tibhirine. A l’endroit où les têtes des moines ont été retrouvées un passage du Coran a été lu, puis le récit du lavement des pieds (Jn.13), un texte du Frère Christophe et du Frère Christian, le Prieur. Le silence…un chant d’oiseau nous ont préparés à la double prière de la Fatiha et du Notre Père. Au retour, à Alger, une rencontre ouverte, dans une salle, a été organisé. De brefs exposés, ensuite la parole était au public. Reproche a été fait à Azzedine Gaci de trop parler de l’amour et pas assez de la sharia (loi islamique). A cela il a répondu avec force qu’il pratiquait attentivement la loi, précisément parce qu’elle provient de la miséricorde d’un Dieu qui nous appelle à aimer. L’Islam est une religion du cœur…

Conclusion du Cardinal

Tout cela a été vécu dans une amitié émerveillée qui nous remplit d’espérance. La notion de tolérance, utilisée sans cesse, n’a plus grand sens ; il faut passer de tolérance à l’estime mutuelle , et si le Seigneur nous en fait la grâce, à l’admiration … Pour le progrès du dialogue interreligieux il faut une confiance profonde, un intérêt qui vienne à la fois de l’intelligence et du cœur, un regard de contemplation et d’admiration… Ma conviction est que seule une attitude intérieure humble, où chacun sera attentif à demeurer personnellement réceptif à tous les dons que Dieu veut lui faire, nous permettra d’être de vrais serviteurs de Sa miséricorde, des serviteurs de la joie dans le cœur des hommes.

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SAINT PAUL, exemple et témoin pour le dialogue interreligieux.

Paul a su interpréter la tradition de Jésus pour permettre au christianisme de se développer comme une religion universelle. Paul est un homme de collaboration ... équipes, réseaux… Paul est aussi l’homme de deux cultures . Pharisien…mais aussi un homme rompu à la rhétorique gréco-romaine.Voilà pourquoi sa pensée va permettre au christianisme de quitter l’orbite du judaïsme pour s’ ouvrir à l’universalité du monde. Dans ses lettres il avance une théologie de rupture.

AUJOURD’HUI ce qui nous rapproche de la situation de Paul, c’est la découverte que le christianisme constitue une minorité et que le christianisme doit justifier sa raison d’être. Paul nous apprend à formuler l’identité chrétienne comme une identité ouverte . L’accès à Dieu ne dépend plus de l’appartenance à une ethnie ou peuple (la Belgique catholique), ne dépend pas de son histoire (l’Europe chrétienne). Paul va constituer des « communautés de disciples égaux ». Les écrits de Paul rappellent que la diversité est au cœur du christianisme . Le christianisme est né pluriel et cette pluralité est une vocation d’origine. C’est le dialogue ouvert de Paul avec la culture. AUJOURD’HUI encore, les communautés à identité fermée ont un regard négatif à l’égard du monde, pessimiste à l’égard de la culture. Elles portent souvent un regard catastrophique sur le temps actuel. Elles refusent la modernité.

Paul, lui, prêche la différence par rapport à la société, une différence qui se joue dans la qualité des rapports humains et dans les valeurs dont les chrétiens peuvent être les porteurs. Mais Paul ne démonise jamais le monde et sa culture.

(La Croix – d’après Daniel Marguerat, Lausane)</div

LIVRES :

« L’Islam contemporain » Ali Merad. Collection ‘Que sais-je’, huitième édition mise à jour. Nov.2007/ 8 €
« L’Islam pour nuls » Malek Chebel, Malcolm Clark. Edit.First. 485 p. 23 €.

GROUPE RENCONTRE,
par G.Verbist, mafr.