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L A V I G E R I E . be

La spiritualité dans le cadre du cours de religion islamique

Saïd ANDOUH – CEREO (extraits dans ARCRE)
samedi 19 janvier 2019 par Marc Léonard, Mafr, Webmaster

[vert] “Le professeur va, pour chaque thématique étudiée, faire référence aux sources scripturaires islamiques (coran, sunna, prophètes, compagnons) pour essayer d’attirer l’attention des élèves sur les objectifs et la volonté de Dieu ainsi que sur leur responsabilité. En plus de leur rappeler constamment l’importance de la sincérité et des bonnes intentions dans les actions menées. Car, comme le rappelle la tradition prophétique, “les actes ne valent que par leurs intentions”. [/vert]

Par Saïd ANDOUH, enseignant de religion islamique


Introduction […]

I – Qu’est-ce que la spiritualité ?

- [bleu marine]Définition des dictionnaires concernant la notion de spiritualité […][/bleu marine]

- [bleu marine]Définition islamique de la spiritualité[/bleu marine]

Ces définitions ne sont, selon le point de vue islamique, pas complètes, en tout cas pas complètement satisfaisantes : parce qu’elles pourraient laisser croire à une opposition radicale entre ce qui est spirituel et ce qui est matériel. Or l’islam exclut fermement l’idée qui consiste à dire que le corps et l’âme sont en opposition, et qu’ils ne peuvent se développer qu’au détriment l’un de l’autre, ainsi que l’idée qui consiste à dire que notre corps et les activités matérielles que nous effectuons quotidiennement sont des chaînes qui freinent l’épanouissement de notre âme et de notre spiritualité.

C’est en fait l’idéologie qui a malheureusement amené les hommes à diviser le monde en deux domaines : le spirituel et le profane.

Cette manière de concevoir la spiritualité a produit une double conséquence :

  • les personnes qui étaient convaincues qu’elles n’étaient pas capables de répondre aux exigences de la spiritualité, ont renoncé à s’intéresser aux choses de l’âme et ont choisi de vivre des vies très matérialistes et vides de sens spirituel. Pour ces personnes, toutes les sphères de la vie (sociale, politique, économique ou culturelle) sont complétement dépourvues de spiritualité, de signification profonde. Elles recherchent surtout le confort, le plaisir et l’argent.
  • A l’opposé, d’autres personnes ont choisi de suivre la voie de la perfection spirituelle, et seulement cette voie-là. Ces personnes considèrent que leur croissance spirituelle est plus importante que tout, mais qu’elle est incompatible avec une vie ≪ normale ≫. Elles choisissent donc en général de se mettre en retrait du monde, des occupations et des plaisirs quotidiens. Elles sont en fait convaincues que leur développement spirituel ne peut se faire qu’à travers une certaine forme d’ascétisme, d’exercices spirituels ou de sacrifices.

Le point de vue islamique diffère totalement de ces deux approches. Les sources scripturaires islamiques nous disent au contraire que Dieu a fait des âmes (Ruh/Nafs) ses déléguées sur terre. Il leur a donné une certaine autorité et certaines responsabilités et obligations, puis les a fait vivre dans des corps physiques.

Dans cette façon de concevoir la relation entre le monde spirituel et le monde profane, le corps n’est en fait qu’un moyen qui va permettre à l’âme de se développer et de s’élever afin de retrouver sa nature première, qui est la pureté originelle (Al-Fitra). Mais c’est un moyen nécessaire. Nous sommes donc, plutôt, dans une forme de complémentarité qui penche, en réalité, plus vers une soumission du corps à l’âme.

Notre corps n’est donc pas considéré comme un frein ou une prison pour notre âme, mais une sorte d’atelier et un outil de travail qui va nous permettre d’œuvrer dans ce bas-monde pour revenir et satisfaire L’Unique (Dieu) [1]. Et ce retour à Dieu nous est rappelé dans le verset suivant : « C’est à Allah que nous appartenons et c’est vers Lui que nous retournerons ! » [2].

En d’autres termes, le musulman ne peut se développer spirituellement qu’à travers le moyen de son corps, qui doit nécessairement rester connecté et interagir avec le monde qui l’entoure, dans ses différentes sphères. Le meilleur lieu pour le développement et le perfectionnement de notre vie spirituelle est notre vie quotidienne, et non pas quelque lieu retiré à l’écart du monde. Notre famille, notre voisinage, la société, le marché, le bureau, l’usine, l’école, sont autant de lieux d’exercice où nous accomplissons nos devoirs envers notre Créateur.

La spiritualité telle que la conçoit l’islam consiste donc à rechercher la proximité et la satisfaction de Dieu, non seulement à travers les actes cultuels, mais aussi à travers nos occupations et engagements de tous les jours ainsi que nos rapports avec les autres. C’est ainsi que nous pouvons ≪ éduquer notre âme [3] (Tarbyat Ruhanya) ≫ pour nous rapprocher de Dieu avec obéissance et humilité, et atteindre par étapes le plus haut niveau de la vie spirituelle, le niveau d’excellence en matière d’adoration (Al-Ihsan). Et ce degré d’excellence ne peut s’acquérir que par un effort constant et continu : c’est le sens même du mot ≪ jihad nafs≫, qui signifie le combat que le croyant livre à soi-même pour vaincre ses péchés et ses mauvais penchants, et tendre vers la perfection spirituelle.

Cette notion de degrés dans l’adoration nous vient du célèbre hadith Jibril qui raconte que :

L’ange Gabriel est venu, sous forme humaine, rendre visite au Prophète Muhammed pour l’interroger sur les trois degrés de la spiritualité musulmane. A chacune des réponses du Prophète, l’ange Gabriel confirmera.

  • 1. Qu’est-ce que l’islam ?

    Le Prophète répondra : « l’Islam est que tu témoignes qu’il n’est de divinité si ce n’est Allah et que Muhammad est l’envoyé d’Allah ; que tu accomplisses la prière, verses l’aumône, jeûnes le mois de Ramadan et effectues le pèlerinage vers la maison sacrée si tu en as la possibilité ».
  • 2. Qu’est-ce que l’imân (la foi) ?

    Le prophète : « C’est de croire en Allah, en ses anges, en ses livres, en ses prophètes, au jour dernier et de croire dans le destin, qu’il soit bon ou mauvais ».
  • 3. Qu’est-ce que Al-Ihsân (L’excellence / La bienfaisance) ?

    Le Prophète : « C’est que tu adores Dieu comme si tu Le voyais, et si tu ne le vois pas, sache que Lui te voit. »

- [bleu marine]Explication du hadith […][/bleu marine]

II – Quelles sont les missions de l’école et les objectifs du cours de religion islamique ?

- [bleu marine]Les 4 missions de l’école […][/bleu marine]

- [bleu marine]Les 3 objectifs du cours de religion islamique dans l’enseignement officiel […][/bleu marine]

Ces 4 missions s’imposent également aux cours de religions, dont celui de la religion islamique […]

III – Comment l’éducation spirituelle peut-elle être intégrée au cours de religion islamique ?

L’éducation spirituelle se fera donc, au même titre que l’éducation à l’engagement citoyen et à l’esprit critique, de manière transversale au cours.

Plus concrètement, le professeur va, pour chaque thématique étudiée, faire référence aux sources scripturaires islamiques (coran, sunna, prophètes, compagnons) pour essayer d’attirer l’attention des élèves sur les objectifs et la volonté de Dieu ainsi que sur leur responsabilité. En plus de leur rappeler constamment l’importance de la sincérité et des bonnes intentions dans les actions menées. Car, comme le rappelle la tradition prophétique, “les actes ne valent que par leurs intentions”.  [4].

On va donc à chaque fois essayer de mettre en évidence une double finalité dans les sujets que l’on traite : l’une visant la satisfaction divine et le salut dans l’au-delà, et l’autre le bonheur et les bienfaits terrestres pour soi et pour autrui. Et cet exercice, on peut le reproduire avec n’importe quels thèmes abordés, notamment ceux qui sont proposés dans le référentiel de compétence.

Conclusion

Cette manière transversale d’enseigner la spiritualité me semble être très pertinente et conforme aux enseignements de l’islam, car elle permet aussi à l’élève de prendre conscience que la recherche de l’excellence en matière d’adoration et d’épanouissement spirituel passe nécessairement par la recherche de l’excellence dans ses actions au quotidien dans les différentes sphères de sa vie.

Finalement, ma plus grande fierté en tant que professeur de religion est de voir mes élèves épanouis sur le plan psychologique, intellectuel et professionnel, tout en étant convaincus qu’ils ont une responsabilité vis-à-vis de Dieu dans l’engagement citoyen et la gestion positive de ce monde.

Et moi, j’ai le devoir d’être un exemple pour eux. Ce qui explique par ailleurs mon engagement associatif et politique en parallèle à ma fonction d’enseignant de religion islamique.

Et je conclurai cet exposé avec cette belle citation d’Albert Einstein qui confirme en quelque sorte mon propos : « L’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialistes. »

13/01/2019 par Marc Léonard
ARCRE
 

[bleu] Lire l’article complet : [/bleu] La spiritualité dans le cadre du cours de religion islamique / Saïd ANDOUH, CEREO, 29.11.18

[1Sourate 51, verset 56-58

[2Sourate 2, verset 156

[3Les 3 états de l’âme : 1. L’âme qui incite au mal (Nafs am-mâra bis-soû) – 2. L’âme qui ne cesse de se blâmer (Nafs lawwâmah) – 3. L’âme apaisée (Nafs al-Moutmaïnna).

[4C’est, d’ailleurs, la première leçon que je donne à toutes mes classes en début d’année.


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