missionarissen van afrika
missionnaires d’afrique

L A V I G E R I E . be
Un missionnaire "au repos" témoigne

Une fois rentré « des missions »…

vendredi 6 novembre 2009 par F.L. (Vertaling-Traduction), M. Neels
Comment se situer dans son pays quand on rentre de Mission ?

Le Père Marcel Neels, après avoir travaillé de nombreuses années en Afrique, est de retour en Belgique depuis près de dix ans. Il nous livre ses réflexions sur ce sujet.

Quand, comme missionnaire, tu rentres au pays après des dizaines d’années, tu as l’impression d’arriver « à l’étranger ». Tu te fais bien vite à l’idée qu’il te faut une nouvelle acculturation. Une fois déjà, tu t’es adapté à une autre culture en arrivant sur un autre continent ; ici ce sera une seconde fois. La diminution de foi traditionnelle, d’éthique et de pratique sacramentelle te touche de premier abord. Tu es tenté de te distancer de cette situation à tes yeux négative, d’exprimer ta désillusion et de mésestimer l’actuelle génération. En même temps tu constates que les jeunes dans ta famille et tes connaissances sont imprégnés de l’esprit ambiant et que, malgré cela, ils apparaissent chics types. Du coup, tu as un problème. Le problème de comprendre la culture actuelle et le problème de t’y situer positivement.

Tu demeures convaincu que toute culture, consciemment ou inconsciemment, possède une dimension religieuse éclairant la recherche humaine de vérité et de sens. C’est pourquoi tu te demandes où s’en est allée l’ancienne religiosité et comment elle prend des formes nouvelles dans la culture actuelle.

Dans les cercles chrétiens de ton pays tu remarques certaines façons de s’adapter à ce manque apparent de religiosité.

  • Certains membres d’Eglise semblent penser qu’ il vaut mieux s’appuyer fermement sur l’ancien  : catéchèse solide communiquant une synthèse nette et certaine de notre foi – par exemple le catéchisme universel – et rafraîchir un peu la manière traditionnelle de fêter les sacrements.
    En d’autres termes : rénovation par restauration. Les maisons restaurées n’ont-elles pas ce côté attrayant : elles rayonnent une certaine beauté du passé et donnent un sentiment de bien-être, même mêlé d’un brin de nostalgie.
    Tu remarques que quelques mouvements de renouveau forment des groupes aux tendances sectaires pour être certains que la restauration se fera en tout cas. Dans leur zèle ils se considèrent comme l’élite chrétienne et les défenseurs de la vraie foi.
  • Tu en vois d’autres chercher leur inspiration dans ce qu’ils considèrent être des interventions extraordinaires de Dieu . Ils te confient que telles personnes racontent leur expérience de paroles intérieures ou de visions, voie sûre, d’après eux, pour sortir du chaos actuel. Ou bien elles se rendent régulièrement dans les endroits où auraient eu lieu des « apparitions » et là où l’accomplissement d’anciennes pratiques de dévotion, selon eux, doit écarter les malheurs.
  • D’autres encore trouvent refuge dans les groupes New Age et la littérature ésotérique ou cherchent leur inspiration dans la spiritualité primordiale, orientale ou cosmique. Ou bien, à l’intérieur de leur Eglise, elles cherchent des expériences plus émotives du divin dans tel ou tel mouvement charismatique.
  • D’autres encore semblent se contenter d’une sorte de moratoire religieux. L’histoire du siècle dernier démontre l’influence d’idéologies auxquelles les gens ont adhéré avec une sorte d’enthousiasme religieux : communisme, fascisme, national-socialisme. Qui se sont éteints, tous. Certaines personnes aujourd’hui sentent que les grandes Eglises présentent des traits de systèmes idéologiques. Elles les quittent donc et préfèrent une religiosité non-structurée. Elles se rendent compte qu’une nouvelle forme de religiosité doit naître encore, mais elles savent que celle-ci ne se conçoit pas artificiellement et elles se contentent d’attendre le cours des choses.

En même temps, tu constates que nombre de fidèles manifestent une recherche de Dieu sincère.

  • Ils essaient de lire autrement les récits anciens et d’exprimer plus librement leur adhésion à Jésus à l’intérieur de notre culture évoluante. Ils cherchent, parmi les courants divers, à contribuer positivement à une nouvelle expression culturelle de la tradition chrétienne : une expression qui soit significative pour les contemporains de ce nouveau millénaire. Ce faisant, ils ont l’impression de se mouvoir aux limites de la dogmatique et de la pratique ecclésiales voire de se situer à contre-courant.

Missionnaire rentré au pays, comment s’y situer ?

  • Parmi tous ces groupes, lequel spontanément préfères-tu ? Le danger existe que tu restes dehors et t’enfonces dans ton fauteuil, ou bien que trop facilement tu adhères à tel ou tel groupe, mentalement ou même physiquement.
  • Mais je me dis dès lors : n’es-tu pas missionnaire ? Ce qui veut dire : n’as-tu pas toujours essayé d’apporter l’évangile à un peuple culturellement autre ? Ne serait-ce pas normal de l’essayer encore dans ton peuple culturellement évolué ?
  • Il te faudra évidemment aller vivre au diapason du groupe décrit en dernier lieu  : celui des fidèles réinterprétant les récits anciens en termes adéquats aux hommes du 21° siècle.

Que nous en soyons conscients ou non, désireux ou non, en ce monde occidental nous nous trouvons dans un paradigme religieux nouveau de l’histoire, dans une nouvelle et importante période d’évolution culturelle – ce qui englobe évolution religieuse. Et la seule manière positive de répondre au défi de notre temps est de chercher de nouvelles formes sans regard nostalgique vers le passé . Les choses – la pensée, les structures, l’éthique, la pratique religieuse au sein de l’Eglise – ne seront jamais plus les mêmes. Inutile de penser et d’œuvrer en termes de restauration. Nous prenons le tournant du chemin ou nous nous retrouvons dans le fossé.

Tout cela exige de moi que j’essaie de bien comprendre les constantes de notre culture.

Comment la culture actuelle se structure-t-elle ? Quelles évolutions historiques l’ont façonnée ? Quelles en sont les facettes essentielles ? Comment se tiennent-elles ? Quelles facettes sont bonne terre pour y semer l’évangile ? Et lesquelles forment un défi pour l’évangile ? Et comment tout cela détermine la vie ecclésiale : à quels changements sommes-nous invités afin d’être pleinement intégrés en ce temps mais inspirés par l’évangile ?

Quelle tâche à remplir quand, rentré au pays, tu désires à nouveau sentir le « chez moi » - ce qui implique que tu t’engages dans l’évolution de ce « chez moi ».

Cela n’est-il pas inclus dans l’être-missionnaire jusqu’à la mort ?

Marcel Neels, Mafr.

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