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L A V I G E R I E . be
DOSSIER

La Suisse interdit la construction de minarets

Conséquences – Réactions.
lundi 7 décembre 2009 par G.Verbist, mafr.

Les Suisses ont décidé le 29 novembre 2009 par référendum, à 57,5% des votants, d’inscrire dans leur Constitution l’interdiction de construire des minarets.

Les Cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel ont voté « non ».

La plupart des musulmans sont d’origine européenne : de Bosnie, du Kosovo et d’Albanie. Leur infrastructure religieuse est à peine visible. La plus part de leurs mosquées sont des anciens ateliers ou des maisons.

Un rappel historique :
Ce n’est pas la première fois que surgissent, en Suisse, des controverses autour d’identités religieuses. Ainsi, en 1874 la Constitution interdisait la présence de la Compagnie de Jésus (les jésuites) ; il était aussi interdit de fonder de nouveaux couvents et de créer de nouveaux évêchés sans l’autorisation de la Confédération. Il fallut attendre 1973 pour voir disparaître les deux premières interdictions. Ce n’est qu’en 2001 que l’Eglise catholique a pu de nouveau ériger des diocèses. C’est le cas pour Genève. Ironie de l’histoire, c’est au même alinéa que renaît aujourd’hui l’interdiction de la construction de minarets.
(Religioscope, Suisse, 30.11.09)
  • A quoi sert un minaret ?

Un minaret est une tour élevée qui fait partie de l’architecture d’une mosquée. Son but est d’indiquer l’emplacement de celle-ci et d’offrir au muezzin un point élevé duquel il peut appeler les musulmans à la prière jusqu’à cinq fois par jour. Aujourd’hui, toutefois, l’appel se fait plutôt par haut-parleur afin de couvrir les bruits de circulation qui ont envahi les villes. Une mosquée ne doit toutefois pas être obligatoirement flanquée d’un minaret. Les minarets, pas plus que les clochers dans la Bible, ne sont évoqués dans les saintes Ecritures de l’islam. D’ailleurs, à ce jour, il n’y a que 4 minarets en Suisse : à Zurich (depuis 1963), au Petit-Saconnex(1978), à Winterthur(2005) et à Wangen bei Olten(2009).

(B.W.Le Soir,30.11.09)
  • Prises de position d’autres pays en Europe

Aucun autre pays européen n’a estimé nécessaire de prendre une législation spécifique au plus haut niveau, préférant régler les problèmes liés aux édifices religieux par la négociation.

- Au Royaume-Uni, pays qui compte plus de 1 400 mosquées, dont de grands édifices à minarets à Birmingham, Leeds et Londres, la question ne se pose pas au niveau national, et la tolérance reste une des plus larges. L’appel à la prière par le muezzin y est autorisé à certaines heures du jour.

- En Allemagne, jusque-là des compromis ont été trouvés. Il y a plus de 160 mosquées avec minaret et près de 200 nouveaux projets sont répertoriés.

- En Espagne, le débat sur la visibilité de l’islam reste vif. Ainsi, la mosquée de Grenade n’a pu être édifiée en 2003, qu’après diminution de la hauteur de son minaret.

- Au Danemark, il y a eu une négociation récente (septembre 2009) au conseil municipal de Copenhague concernant la construction de la première mosquée dans ce pays, financée pas l’Iran.

La question du financement des mosquées et des minarets par des pays qui font preuve d’intolérance religieuse reste posée lors de chaque conflit. L’Arabie saoudite est un des principaux bailleurs de fonds.

(La Croix,30.11.09.)
  • Réactions des évêques et du Vatican

- Les évêques suisses s’étaient prononcés déjà avant le référendum, le 9 septembre, en disant : « L’interdiction fragiliserait les efforts nécessaires pour établir une attitude d’accueil réciproque dans le dialogue et le respect mutuel. Nous invitons à repousser l’initiative parce que nous sommes cohérents avec nos valeurs chrétiennes et les principes démocratiques de notre pays ».

- La Conférence des évêques suisses estime que le ‘oui’ à l’interdiction des minarets augmente les problèmes de la cohabitation entre les religions et les cultures. « Pour les évêques, la décision du peuple représente un obstacle et un grand défi sur le chemin de l’intégration dans le dialogue et le respect mutuel  ».

(W.Müller, chargé d’information de la Conférence des évêques suisses)
(La Croix, 29.11.09.)

- Le Vatican est dans la même ligne que les évêques suisses. Mgr. Antonio Maria Sveglio (président du Conseil pontifical pour les migrants) a estimé que ce résultat est un « coup dur pour la liberté religieuse ». « Je ne vois pas comment on peut entraver la liberté de religion d’une minorité ».

- En Allemagne l’Eglise a pris position rapidement. Pour le président de la Conférence épiscopale, Mgr. Robert Zollitsch, cette interdiction « pourrait affecter la cohabitation des religions et des cultures ». « Justement parce que nous, chrétiens, condamnons les restrictions à la liberté religieuses dans les pays musulmans, nous ne devons pas seulement venir au secours des chrétiens là-bas, mais également intervenir en faveur des droits musulmans chez nous  ».

POUR L’EGLISE, la réciprocité n’est pas un argument !
(La Croix.30.11.09.)

- En France, le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, a dit que « les musulmans en Europe ont droit à des lieux de culte ». « Est-ce qu’il est nécessaire qu’aux mosquées, il y ait des minarets ? C’est une question seconde, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit secondaire », a-t-il ajouté. Sur la radio RCF Lyon Fourvière, il a notamment estimé que « la peur n’est jamais très bon signe ».

(Zenit, 11.12.09.)
  • Réactions du monde musulman

- Michel Prévot, islamologue, porte-parole de la plus vaste mosquée reconnue de Wallonie, à Verviers : « Ma communauté a la responsabilité de développer des ressources pour aller de l’avant… Au lieu d’investir dans l’édification de mosquées, elle pourrait davantage investir dans les institutions sociales… Le minaret n’est pas un élément constitutif du culte islamique A Verviers, nous avons fait le choix de nous en passer. Pour ne pas crisper… L’essentiel, c’est de rayonner en contribuant à la vie de la cité, par un engagement citoyen réel. Pas de se battre pour un symbole… Ne vaut-il pas mieux concevoir des mosquées en dialogue avec leur environnement ? ».

(Le Soir.1.12.09.)

- Tariq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux (France). Il dit qu’il faut négocier la présence et la visibilité de l’islam, par rapport à son contexte. La grande mosquée de Bordeaux ne comporte ni minaret, ni coupole. « L’Europe ne voit dans l’islam qu’un programme idéologique et pas une religion » dit-il. Oubrou craint que « le sentiment de crispation augmente encore chez les musulmans de France qui se sentent comme les boucs émissaires des sociétés européennes ».

(Le Soir.1.12.09.)

- Tariq Ramadan, suisse de naissance, professeur d’islamologie à l’université d’Oxford regrette la décision de ses compatriotes. Ils ont peur, dit-il. Comme l’Europe, ils ne veulent pas du pluralisme religieux et culturel. Et pourtant, dit-il, nous tous nous souffrons des mêmes provocations : pas de travail, la pauvreté et la violence. Et nous devons les regarder ensemble pour les résoudre.

(De Standaard,1.12.09.)

- En Egypte, le grand mufti d’Egypte, Ali Gomaa, a dit : « Ce résultat n’est pas une simple atteinte à la liberté religieuse, c’est aussi une insulte aux sentiments de la communauté musulmane en Suisse et ailleurs ». Il a cependant lancé un appel à ses frères religieux, leur demandant de ne pas se sentir provoqués.

- Au Pakistan, Khurshid Ahmad, du parti islamique radical Jamaat-e-islami, dit que ce vote « reflète l’islamophobie extrême des Occidentaux ».

- Au Liban, ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, religieux chiite, a estimé que le vote est le fruit d’ « une campagne afin de présenter une image déformée et effrayante de l’islam. Une décision destinée à inciter au racisme contre les musulmans en Occident ».

(La Croix, 30.11.09.)
  • Réactions du monde politique

- Pour Jean-François Mayer (Institut Religioscope, Fribourg, Suisse) « ce ‘non’ traverse toutes les catégories politiques de la Suisse et représente un courant d’opinion qui craint, avec l’islam, un retour du religieux intolérant, notamment en matière des droits de la femme ». Une opinion qui est alimentée par les peurs que nourrissent quotidiennement les médias. Ce résultat montre aussi la perte d’influence des grandes institutions : le gouvernement, les principaux partis politiques, aussi les Eglises, catholique comme protestante.

(La Croix.29.11.09.)

- Bernard Kouchner, ministre de la diplomatie française parle d’ « une expression d’intolérance ».

- Carl Bildt, ministre suédois des Affaires étrangère, qui préside actuellement le Conseil européen dit « c’est un signe négatif ».

- En Flandres, aucun parti politique ne peut se retrouver dans l’idée de Filip Dewinter (VB) d’introduire aussi un interdit de construire des minarets.

- Le Parlement européen fait savoir qu’il est inquiet à cause de ce résultat du référendum.

(AFP)


 

GROUPE RENCONTRE,
par G.Verbist, mafr.
02.12.2009.

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