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L A V I G E R I E . be

Le Père Charles de Noüe

mardi 29 décembre 2015 par J.V.
  Bruxelles, le 29-12-2015

Aux premières heures de ce dimanche matin, 27 décembre, notre confrère
 
Charles de Noüe,


s’est éteint paisiblement. Souffrant de plusieurs maux, il désirait partir…

Charles est né le 14 août 1925, à Heusy (Verviers) dans la province de Liège. Il fit ses humanités chez les Jésuites à Verviers. Son père, décédé en 1931, était un saint homme, descendant de la famille Jogues, du jésuite qui fut martyrisé au Canada. En septembre 1944 il entra chez les Pères Blancs à Thy-le-Château. Après le noviciat à Varsenare, il fit ses études de théologie à Heverlee, où il prononça son serment le 22 juillet 1950 et fut ordonné prêtre le 24 mars 1951 par Monseigneur De Smedt. Ses éducateurs décrivent Charles comme un candidat équilibré, sérieux, personnel, travailleur et doué intellectuellement ; un homme serviable et sur qui on pourra compter ; un caractère gai, un peu espiègle, qui a beaucoup d’entregent, bien qu’il soit en général fort discret et effacé. Le maître des novices note pourtant une certaine impatience, une dose d’irascibilité. Après son ordination Charles fut envoyé à l’université de Louvain (Leuven), où il obtint une licence en sciences pédagogiques et une autre en orientation et sélection professionnelle.

Le 16 décembre 1955 il s’envole pour le Rwanda.
Charles y fit une longue carrière dans l’enseignement, qu’il commença le 7 janvier 1956 comme professeur à l’Ecole des Moniteurs, à Kabgayi. Notons qu’à cette époque le diocèse de Kabgayi couvrait encore tout le territoire du Rwanda. Charles prend aussi la direction des Ecoles primaires et devient l’adjoint du père Inspecteur. Après un court passage à Nyamasheke, le voilà, en octobre 1956, Inspecteur des Ecoles du secteur Centre et, quelques mois plus tard, Inspecteur du Secteur Nord, avec résidence à Kigali. Manquant d’expérience, il a voulu introduire des réformes, ce qui n’a pas plu à tout le monde. En septembre 1958 il est donc rappelé à Kabgayi comme professeur au Petit Séminaire St-Léon. Ensuite les nominations en paroisse se succèdent : une petite année à Rwankuba, deux ans à Zaza, un intérim au Petit Séminaire de Kabgayi, et quelques mois à Rulindo, brusquement interrompus par un congé sanitaire pour insuffisance rénale, en janvier 1965. De retour, Charles est nommé à Byimana, vicaire, aumônier au noviciat des Frères Joséphites, professeur et aumônier au collège des Frères Maristes, professeur à l’Ecole des Monitrices et aumônier des mouvements de jeunesse. Il avoue lui-même, dans une lettre, que c’est un peu beaucoup.

En octobre 1970, Charles est nommé à Rutongo, vicaire et professeur au Centre de catéchèse et de développement, Centre dans lequel toute l’équipe sacerdotale est activement engagée et dont les élèves-catéchistes participent aux activités paroissiales. Charles y donnera le meilleur de lui-même pendant près de dix ans. Lors d’un de ses congés, il profite d’un bon recyclage à l’Arbresle. Quand les évêques du Rwanda décident de supprimer le Centre pour y établir une propédeutique pour des candidats grands séminaristes, Charles continue son engagement comme vicaire et donne un cours de psychologie très apprécié à la propédeutique. Le 30 juin 1981, il est nommé à Kigali, à la paroisse de Nyamirambo, en pleine ville. Il s’y adapte assez bien. Fin 1983, pendant un congé médical, on lui fait trois pontages, mais il se remet difficilement. A un moment donné, les médecins croyaient qu’il allait y passer. Dans une lettre au régional, Charles parle de deux mois de souffrances – il emploie même le mot ‘agonie’ - offerts pour le Rwanda ; il devait, en effet, réapprendre à parler, à manger, à écrire, à marcher… A la mi-janvier il fait encore un infarctus… Suit une longue convalescence.

Il ne retourne au Rwanda que fin août 1984. Il est alors nommé aumônier du grand Centre hospitalier de Kigali et fait partie de la communauté du régionalat (ou CELA, Centre de Langues Africaines). Le régional note : « Charles est un compagnon agréable. Lui qui a souvent eu des problèmes en paroisse parce qu’il y était un peu dur, a trouvé comme un nouvel épanouissement à ne plus s’occuper des ‘foules paroissiales’, pour s’occuper – avec beaucoup d’attention et de sérieux – des malades de l’hôpital de Kigali ». Qu’il avait été assez dur avec les paroissiens (et parfois avec ses confrères), Charles le savait. Il en parlait comme d’ « une épine dans sa chair ».

Début 1990, toujours aumônier au CHK (Centre Hospitalier de Kigali), Charles est nommé supérieur de la communauté. Il était un supérieur discret mais efficace. Lors d’un autre congé médical fin 1992, son état de santé était au plus bas : blocage des reins, urémie, pneumonie, manque grave de potassium, puis de plaquettes sanguines… Les médecins durent l’amputer des orteils du pied gauche, à cause de la gangrène. Il doit de nouveau réapprendre à marcher, à monter et descendre les escaliers ‘en handicapé’… Il écrit au régional : « Si le courage me manque, ce n’est pas celui de repartir au Rwanda, mais plutôt celui de décider de ne plus y retourner. Cette décision est tellement dure à prendre, elle me fend le cœur ; toute une vie au milieu des Rwandais, surtout les pauvres et les malades, s’écroule en une fois, sans avoir pu m’y préparer le temps nécessaire… » Courageusement il revient au Rwanda, mais quelques mois plus tard, le premier mai 1993, il doit de nouveau rentrer. Il finit par accepter de rester définitivement en Belgique, non sans avoir fait un petit retour au Rwanda pour faire ses adieux.

Il devient supérieur à Heusy et membre du conseil provincial. Il prend soin de ses confrères, dont trois octogénaires… Il reste le confrère aimable et accueillant, attentif aux autres, surtout les plus faibles. S’il était connu pour ses remarques parfois caustiques, avec l’âge il avait gagné en bienveillance. En avril 1993 il écrit : « Quelle grâce de vivre dans cette Société Pères Blancs, où l’on s’entraime et où l’on s’entraide si fraternellement. »

En 2006 il rejoint notre communauté au Home Saint-Joseph à Liège. Il célèbre l’eucharistie, donne à l’occasion les sacrements aux malades, les visite. Lorsqu’au mois d’octobre dernier il encourt une double fracture à l’épaule gauche et se casse le petit-doigt droit, quelque chose se casse aussi en lui. Lui qui a frôlé la mort à deux reprises et remonté la pente à chaque fois, n’en peut plus. Le vieux lutteur désire mourir. Qu’il repose maintenant en paix.

  Le service d’adieu aura lieu le jeudi 31 décembre 2015, à 10h30. en l’église Sainte-Foy, rue Saint-Léonard – 4000 Liège, près du home Saint-Joseph.  

Après l’eucharistie une collation sera offerte aux confrères près de l’église.

 
Jef Vleugels
 

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